Présentation
17, RUE DES MOULINS
Un film de Rémi BURKEL
Scénario et dialogues Roland GUENOUN et Pierre PAUQUET
Avec Fejria DELIBA, Marco BISSON, Bernard NISSILE, Ginette GARCIN...
Une coproduction FRANCE 2 / GRAND LARGE PRODUCTIONS / 2000
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Résumé
"17 Rue des Moulins" …, Centre d’accueil et de réinsertion pour les plus démunis… vient d’ouvrir .
Serge, un des médecins bénévoles à l’origine du projet, a fait appel à Djenna pour diriger le centre. Djenna est une femme, médecin elle aussi, kabyle.
Marguerite, l’infirmière, qui accueille les patients, Thibault, le juriste, Henri, chirurgien à la retraite, sont immédiatement séduits par cette femme chaleureuse et généreuse, volontaire et enthousiaste.
Seul Vincent, cofondateur du Centre est réticent. Immédiatement il s’oppose à Djenna.
Mais, dans l’urgence, Djenna s’impose : une amitié naît entre Djenna et Vincent qui, blessés chacun dans leur passé, refusent de se laisser glisser vers une histoire d’amour.
Dans les conflits et les difficultés qui secouent le Centre, un immense respect mutuel les soude et leur relation ambiguë s’enrichit de jour en jour.
Avec leur équipe, dans les tensions et souvent avec humour, ils vont réussir, envers et contre tout, à faire vivre ce Centre.
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Note d'intention de l'auteur
Longtemps masquée par l’euphorie du début des années 80, la précarité s’est imposée comme une évidence douloureuse, suscitant des initiatives généreuses parmi lesquelles la Mission France de Médecins du Monde. En 1986, un groupe de médecins de l’association habitués au malheur loin des frontières, découvraient effarés qu’en France, 800 000 personnes ne bénéficiaient plus de protection sociale et se trouvaient exclus du système de santé alors réputé comme l’un des meilleurs au monde. Le premier Centre Mission France fut alors créé pour venir en aide à une fange de population qui, la crise aidant, n’a cessé de grossir.
Depuis douze ans, les centres ont essaimé en France, (ils sont actuellement au nombre de 26), relayant une organisation hospitalière défaillante ou peu adaptée à cette nouvelle pauvreté.
Depuis douze ans, la prise de conscience a laissé place à la crainte, pour chaque individu, de la spirale infernale qui conduit à l’exclusion. Les associations ont trouvé leurs espaces d’intervention dans les vides juridiques de l’organisation sanitaire et leur raison d’être dans le combat contre la détresse solitaire d’ individus privés de la chaleur et de l’écoute indispensables à la reconstruction fragile d’un lien social.
Très vite, ces associations de terrain ont compris que le médical devait être relayé par une assistance sociale et juridique. On ne se soigne plus parce que l’on a plus ses papiers, parce qu’on ne connaît pas ses droits, parce qu’on a plus la force ou le désir de les réclamer.
Très vite, elles sont allés au devant des personnes dans les lieux de repli de cette population, sillonnant la nuit dans des camions de soins ou d’échanges de seringues pour éviter des contaminations, organisant le placement de SDF dans les foyers.
Très vite aussi, ces associations ont été confrontées à la violence d’un milieu luttant pour la survie, à la culpabilité d’hommes et de femmes souvent jeunes écartés du festin social, a des nouvelles pathologies urbaines favorisées par la situation de vie, aux problèmes de santé publique posés par la résurgence ou la diffusion de certaines maladies (comme par exemple la tuberculose ou le saturnisme..).
17 Rue des Moulins est un lieu de fiction inspiré par les centres qui existent, où des médecins, des infirmiers et infirmières, des psychologues, des juristes, des assistantes sociales donnent de leur temps bénévolement pour soigner la misère et le désespoir.
Djamila, Vincent , Serge, Cécile, Eric, Henri symbolisent ces hommes et ces femmes qui ont relevé un défi : ne pas accepter la fatalité de la précarité et agir. Ils le font avec conviction, compétence, lucidité et souvent aussi, avec scepticisme.
Après être partis sur tous les théâtres des famines, des guerres et des exactions à travers le monde, leur quête humanitaire, émaillée d’enthousiasme et de déceptions, riche de rencontres et de passions, les réunit à nouveau lorsqu’ils prennent conscience que l’inacceptable est à leur porte, des hommes et des femmes atteints et qu’ensemble ils peuvent changer une infime parcelle de cette triste réalité.
Djamila, Vincent, Serge, Cécile, Eric et Henri sont des personnages de fiction inspirés par les hommes et les femmes que les auteurs ont rencontrés et à qui ce téléfilm rend hommage.Ces héros sont confrontés aux blessures, aux plaies que la société n’a pas su soigner ou éviter, aux trajectoires sociales individuelles marquées par des carences affectives, à l’incompréhension de leur pairs ou de leur entourage.
Les qualités d’humanité qui les caractérisent, leur générosité, leur engagement dans l’action sont sans cesse traversés par le doute. Leur force apparente voile leur fragilité, leurs propres blessures, leurs jardins secrets.
Ces personnages, renonçant à l’aventure exotique de missions lointaines, nous révèlent l’aide humanitaire de proximité, avec les silhouettes pittoresques que l’on y croise, avec le bonheur de réhabiliter des destins, avec les rires que l’émotion et la tension suscitent.
Ils nous font découvrir à travers des histoires singulières une réalité que l’on pressent, que l’on craint et qui émerge à chaque coin de rue.
Pour autant, l’humour n’est pas absent de leur quotidien. Vieux amis de fac, compagnons d’aventure, leur relation est faite d’ amitié, de franchise et parfois d’ amours passées.
En faire les héros d'un film, c’est saluer la force du collectif dans ce type d’initiative sans gommer la force des personnalités qui lancent ce genre de défi.
Faire du lieu le moteur dramatique du film, l’âme de l’action c’est rendre compte de l’importance pour toute une partie de la population de ces espaces d’espoir et de générosité.
Roland GUENOUN